Quand on achète un appareil photo, on se pose souvent la question de savoir si c’est le meilleur appareil, si ses caractéristiques seront suffisantes, mais sera-t-il solide ? faudrait-il prendre une extension de garantie ? va-t-il tomber rapidement en panne ?
Quand on me pose la question (et cela arrive puisque je me prends pour un spécialiste de la photographie), je me retrouve plutôt démuni. Personne n’ose en parler : la fiabilité des appareils photos est mal décrite. Dans la plupart des cas, on n’entend parler que des cas absolument extrêmes comme c’est parfois arrivé aux plus grandes marques (nous n’y reviendrons pas). Mais au quotidien, mon appareil me suivra-t-il partout ? résistera-t-il aux mauvais traitements ? ou tombera-t-il en panne au premier nuage à l’horizon, de préférence quelques jours après la fin de la période de garantie ?
Je me suis donc décidé à répondre à ces questions en allant au delà des arguments habituels : les appareils d’entrée de gamme sont plus fragiles, moins bien protégés que les appareils pro ; et, la mécanique tombe en panne plus souvent que l’électronique.
J’ai trouvé quelques articles intéressants et correctement documentés. Évidemment, ils sont le fruit des travaux de certaines boutiques qui assurent des réparations et ont accepté de fournir leurs données.
Et j’ai découvert des choses bien intéressantes. Par exemple, les informations sur les appareils photo, les boîtiers sont relativement rares. Mais SquareTrade a publié un rapport assez détaillé sur les réparations qu’ils ont faites ces dernières années (principalement sur des appareils compacts) avec des conclusions redoutables ; en particulier :
- plus de 10% des appareils sont tombés en panne avant 2 ans
- on peut prévoir plus de 15% de panne en 3 ans
- les accidents sont une cause majeure de panne : 40% de chutes ; nous ne sommes pas soigneux !
- plus l’appareil est cher, plus il est solide
- en matière de reflex, Canon et Nikon se valent
Quand on pense que le taux de panne des grandes marques est aux alentours de 4% à deux ans pour un appareil qui approche les 1000€…
Mais on remarquera le graphique qui donne les résultats de fiabilité pour des compacts entre 300$ et 500$ :
J’aimerais croire que l’on peut étendre ces chiffres au delà des compacts dans les gammes d’appareils reflex, mais ma propre expérience professionnelle de la qualité et de la fiabilité (dans le monde automobile, pour ceux que ça intéresse) m’invite à beaucoup de précautions.
Par contre, j’ai pu trouver quelques éléments supplémentaires concernant les objectifs interchangeables qui viennent orner nos reflex. Deux études de LensPlay et de LensRentals apportent un éclairage nouveau.
Chez LensPlay, ce sont des centaines d’objectifs et d’utilisateurs qui ont été analysés : parmi les réponses volontaires fournies pour Canon, Nikon, Pentax, Minolta/Sony, Tamron, Tokina et Sigma, seul Minolta/Sony n’a produit que moins de 200 réponses.
Marque d’objectifs | Taux de panne |
Pentax | 7% |
Canon | 8% |
Nikon | 8% |
Minolta/Konica/Sony | 10% |
Tamron | 15% |
Tokina | 16% |
Sigma | 22% |
Les autres marques d’objectifs | 10% |
LensRental, lui, fournit un statut qui est plus fin puisqu’ils donnent leur opinion objectif par objectif. Pour le coup, il n’est plus question de comparer les marques, mais on peut se faire une idée des cailloux les plus fragiles au delà des bonnes (ou mauvaises) réputations.
Objectif | Taux annualisé de réparation | Problème typique |
---|---|---|
Sigma 120-300mm f/2.8 | 41% | mécanisme du zoom, calibration, autofocus |
Sigma 18-200mm OS | 37% | Stab, autofocus, zoom, séparation du barillet |
Nikon 18-200mm OS | 31% | Stab, autofocus, zoom |
Sigma 50-500mm | 31% | mécanisme du zoom, autofocus |
Canon 300mm f/4 IS | 25% | Stab, électronique de l’autofocus, séparation du barillet |
Tamron 70-200mm f/2.8 | 27.5% | serrage de la monture (Canon), autofocus |
Tokina 12-24mm f/4 PRO | 25% | mécanisme du zoom, autofocus |
Nikon 17-55mm f/2.8 | 25% | Calibration, bague de zoom, panne moteur |
Canon 50mm f/1.4 | 22.5% | moteur AF |
Canon 35mm f/1.4 | 22% | Calibration, mécanisme de mise au point |
Canon 17-55mm f/2.8 EF-S IS | 22% | Stab, électronique de l’autofocus, Err99 |
Canon 10-22mm EF-S | 17.5% | séparation du barillet, autofocus |
Nikon 70-200mm f/2.8 VR | 17% | mécanisme du zoom, fourchette de mise au point manuelle |
Nikon 17-35mm f/2.8 | 17% | calibration, électronique |
Nikon 80-400mm | 15% | électronique |
Canon 85mm f/1.2 | 13% | électronique |
Sigma 30mm f/1.4 | 12.3% | calibration |
Canon 24-70mm f/2.8 | 11% | Calibration, mécanisme du zoom |
Canon 100-400mm IS | 11% | bague de tension du zoom, Err99, calibration |
Nikon 14-24mm f/2.8 | 10% | mécanisme du zoom |
Nous apprécions aussi beaucoup les commentaires supplémentaires :
- Les super-téléobjectifs en focale fixe (300mm f/2.8, 400mm f/2.8, 500mm f/4, 600mm f/4) aussi bien de Canon que de Nikon sont parmi les objectifs les plus fiables (la simplicité de leur conception est certainement une excellente explication pour cela).
- Les Sigma 120-400mm & 150-500mm avaient un taux de 45% de réparation (tant qu’ils étaient au catalogue de LensRentals).
- Les Canon 50mm f/1.2 et Sigma 100-300mm sont en dessous de 10% (considéré un bon chiffre chez LensRentals)
Tous ces chiffres doivent évidemment être pris avec un grain de sel : les locations sont souvent moins bien traitées que les objectifs dont on est le propriétaire, mais les résultats restent valables de manière relative et donnent une image de ce que peuvent accepter ou subir certains matériels. Et par exemple, le Canon 100-400mm semble avoir une mauvaise réputation non-méritée en ce qui concerne la fiabilité de son mécanisme de stabilisation.
Au final, de nombreuses raisons de faire attention à notre matériel…
Sources :