Aujourd’hui, je voudrais vous proposer une idée originale (avec les solutions techniques correspondantes) pour une approche inattendue d’un sujet photographique connu mais néanmoins peu commun.
On connait bien la photographie animalière. On voit souvent des photos de colibris (si jolis à cause de leur plumage souvent multicolore et largement irisé). Les plus jolies photos sont habituellement celles de ces minuscules oiseaux en vol. Mais aviez-vous remarqué à quel point leurs plumes sont mignonnes… vues de très près.
Pourquoi ne pas faire de la macro-photographie sur le plumage d’un oiseau qui bat des ailes 50 fois par seconde ? Ça devrait être assez joli. Ça ne peut pas être trop dur, non ? Non ? Si, un peu difficile…
Je ne m’étendrai pas sur le fait que les colibris ne se rencontrent qu’aux Amériques (inutile de chercher en Europe, en Afrique ou en Asie). Ils vivent plutôt dans les forêts tropicales même si on les rencontre parfois en ville ou jusqu’au Canada.
Pour mes propres essais, j’ai travaillé dans des refuges en forêt en Équateur. Il est toujours plus facile quand les modèles sont présents en grand nombre.
À noter également : l’Équateur présente de nombreux endroits où les colibris sont relativement habitués à la présence humaine et ne s’enfuient pas à votre première apparition. Cela va avec un risque réduit de perturbation : comme vous allez le voir, leur environnement immédiat va être un peu chamboulé.
L’idée générale consiste à amener l’oiseau à l’appareil photo plutôt que le contraire. Inutile d’envisager courir après un colibri pour lui coller votre objectif dans le bec ! Nous allons donc utiliser un endroit où il se rend naturellement, installer notre « piège photo » et attendre le modèle.
Tous les colibris passent une grande partie de leur temps à rechercher une nourriture extrêmement riche pour leur permettre de mener la vie absolument frénétique qu’ils apprécient, du nectar de fleur ou aussi bien le sirop de sucre mis à leur disposition par les êtres humains dans leurs jardins.
Un des éléments les plus importants consiste à s’assurer que l’oiseau se positionne de manière très stable en face de votre appareil. Je n’essayerai jamais avec une branche ou une fleur (c’est trop imprécis). Mais il convient d’utiliser une mangeoire.
Le plus utile est de choisir une mangeoire sur laquelle l’oiseau peut se poser (comme le modèle de gauche) et non pas une mangeoire (comme celle de droite) qui demande au colibri de faire du vol stationnaire. C’est très joli, mais vous allez vite remarquer que le vol n’a de stationnaire que le nom et l’oiseau se déplace continuellement. Pas beaucoup, mais suffisamment pour rendre la vie insupportable à l’auto-focus. Inutile de se rajouter cette difficulté supplémentaire.
En observant les colibris, vous remarquerez que quand ils s’arrêtent pour boire, il n’y a qu’un nombre restreint de trous d’alimentation (vous pouvez en boucher certain avec du scotch) et que cela garantit un nombre précis de positions relativement prévisibles.
Installez votre appareil et son objectif macro (ou mieux un télé-objectif avec une bague allonge) sur un trépied robuste. Faites la mise au point là où se trouvera la tête de l’oiseau posé. Et attendez.
Plusieurs choses sont importantes à ce point de la conversation. Elles peuvent conditionner le résultat.
- Les colibris sont attirés par la couleur rouge ou par la couleur orange. Vos vêtements ne doivent pas inclure ces teintes qui risqueraient de les perturber et de trop attirer leur attention.
- Votre taille est énorme comparée à un colibri : bougez le moins possible, et toujours de manière très lente. Vous devez vous fondre dans le paysage.
- Ne mettez pas le serrage de la tête de votre trépied en mode « bloqué ». Les oiseaux ne seront pas exactement là où vous les attendez. Vous voudrez recadrer. Mais il est exclu de bouger la main pour desserrer le frein de la tête. Un léger appui sur l’appareil est le seul mouvement possible. Et encore, tout doucement.
- Une tête pendulaire (type Wimberley) est évidemment un avantage crucial.
- Quoi qu’il arrive, ne bougez pas pendant en moins dix minutes par séance. Les colibris doivent s’habituer à votre présence. Vous devez donc être patient.
Maintenant, il vous reste à bien viser (toujours avec le moins de mouvements possible). Vous allez retrouver tous les problèmes de la macro-photographie « normale » (en particulier la faible profondeur de champ qui va vous obliger à fermer le diaphragme, donc à jouer uniquement des jours où le soleil brille directement sur la mangeoire – mais ne prenez pas la peine de perturber les colibris en déplaçant la mangeoire ; attendez que le soleil se déplace pour vous).
Et vous pouvez espérer des résultats un peu inhabituels, des images inhabituelles de vos colibris préférés.
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