Vous avez entendu l’annonce que Ricoh vient de racheter Pentax à Hoya, son précédent propriétaire. De fait, cela en a surpris plus d’un mais il est exact que Hoya semblait ne plus très bien savoir que faire de sa division photo sous la marque de Pentax.
Depuis que les relations entre Pentax et Samsung s’étaient relâchées (Samsung est maintenant persuadé pouvoir évoluer seul sans l’aide de la technologie des reflex Pentax et ils en font la démonstration), on savait qu’il fallait choisir entre un échec de Pentax et investir davantage pour relancer la marque dans la compétitions contre les poids lourds que sont Canon, Nikon et Sony. Hoya a choisi de jeter l’éponge (au vu des chiffres publiés par Hoya, on peut imaginer les raisons de cette décision), et Pentax a choisi de se trouver un nouveau parrain aux poches suffisamment pleines pour tenter de revenir dans la course (avant d’avoir été lâché par le peloton comme on dit dans ces temps de Tour de France).
Cela donne l’occasion de se poser quelques questions sur l’avenir. Tout d’abord, l’avenir de Pentax. Ricoh n’a pas été très clair sur leurs intentions jusqu’ici en dehors de la confirmation que la marque Pentax va continuer à exister et que la marque continuera à faire des produits de qualité (qui aurait écrit autre chose ?) On semble comprendre que Pentax va recevoir de nouvelles ressources pour développer ses prochaines générations de réflex.
Néanmoins, il est frappant de noter une nouvelle fois qu’un acteur secondaire ou extérieur au monde de la photo haut de gamme se lance sur le marché des reflex. Il y avait eu -entre autres- Sony rachetant Konica-Minolta (après que Konica avait racheté Minolta bien sûr), ou Samsung investissant dans Pentax, ou Hoya achetant Pentax.
Comme toujours, les succès sont partagés dans ces grosses opérations financières. Mais on voit aussi que cela peut conduire à des résultats intéressants : Sony a démontré pouvoir utiliser les technologies des reflex à tous les niveaux de prix et déployer une gamme reflex qui rassemble 90% des fonctionnalités d’un appareil pro dans une enveloppe de prix tout à fait grand public.
Alors, la question qui se pose concerne les prochains achats possibles dans ce domaine. Je pense à plusieurs sociétés qui sont actuellement exposées à subir ce genre d’évolution :
- Olympus n’est plus très sûr de vouloir faire des reflex mais ne parvient pas à progresser franchement
- Sigma est quasiment sorti de la course malgré les manœuvres récentes autour du Sigma SD1
On peut tout de même aussi penser à des sociétés détentrices de marques extrêmement connues (donc avec une grande valeur) mais qui ne sont plus très présentes depuis quelques années :
- Fuji
- Pourquoi pas Leica qui a atteint un statut d’artisanat de masse (ce qui leur convient peut-être tout à fait)
Je crois que certains acteurs pourraient être tentés d’intervenir activement avant que les positions ne semblent trop fermement fixées par le marché et les secousses liées à la crise japonaise de ce printemps 2011 peuvent jouer le rôle de déclencheur. Qui pourrait agir ?
Pensons à des acteurs internes qui ont des intérêts importants dans la photo. Samsung ne semble pas vouloir se disperser et va continuer à travailler dans son coin avec ses propres équipes. Panasonic (ou même Olympus) pourraient vouloir renforcer leur présence en agrégeant des forces externes (Kodak n’a plus les moyens de manœuvrer à ces niveaux d’investissement). Mais un fabricant d’objectifs comme Tamron (Samyang est trop petit) pourrait saisir une opportunité.
Sinon, il faut voir certains acteurs externes décidés à faire fructifier leurs moyens financiers dans un domaine similaire à mais pas très proche de leurs origines. Le nom le plus étonnant (mais pas complètement impossible) est celui de Apple à condition de pouvoir réconcilier des cultures très éloignées. Philips ou Pioneer ou Hyundai sont des candidats plus vraisemblables à condition d’être prêt à lancer une action dans la direction de la photographie.
On en vient ensuite aux scénarios les plus invraisemblables comme des interventions de la part de Adobe (inconvénient : s’aliéner tous les fabricants pour acquérir un seul constructeur photo) ou de Dell / HP / Acer (inconvénient : les reflex sont trop loin de leur clientèle, mais les compacts pourraient les intéresser comme par le passé).
Évidemment, seul le futur nous dira comment cela se passera, mais il est clair que les cibles sont relativement nombreuses et potentiellement attirantes pour une OPA. De plus, le créneau est logiquement ouvert par la sédimentation qui commence à avoir lieu dans le milieu et le haut de gamme de la photographie grand public depuis quelques années (les perdants n’ont pas encore perdu leur image de marque) et par l’arrivée de nouvelles technologies susceptibles de secouer le marché (amélioration continue des capteurs en termes de sensibilité, miroirs semi-transparents, convergence photo-vidéo). Mais la fenêtre de tir pourrait aussi se fermer d’ici 12 à 18 mois.
Complément : Une liste de sociétés susceptibles de participer à des opérations financières d’envergure
Sociétés industrielles japonaises avec plus d’un milliard de dollars disponible pour des investissements (source : Bloomberg) :
- Denso Corp.
- Fujifilm Holdings Corp.
- Kuraray Co.
- Kyocera Corp.
- Mitsubishi Tanabe Pharma Corp.
- Ono Pharmaceutical Co.
- Rohm Co.
- Sega Sammy Holdings Inc.
- SMC Corp.
- Sony Corp.
- Suzuki Motor Corp.
- Taisho Pharmaceutical Co.
- Yamato Holdings Co.
1 milliard, c’est 10 000 fois ce qu’à coûté Pentax…
Commentaires
3 réponses à “Ricoh + Pentax : un exemple pour le futur ? [Mis à jour]”
heu peut etre que pentax n’est pas tres aimé chez Ylovephoto …
mais pentax vendu environ 100 million d’euros … soit environ 1/10 de milliard …
Donc avec 1 milliard tu t’achete 10 pentax et non 10 000 …faut faire gaf quant on marque des truc aussi gros …
Ah oui, ça fait une grosse erreur de calcul. Je n’aurais pas eu mon bac cette année.
Sinon, j’aime bien Pentax. En gros, je n’hésite pas à répéter que ce sont de bons appareils plutôt plus haut de gamme que ce que leur prix semble indiquer (en particulier pour ce qui est de la tropicalisation systématique qui est devenu un vrai + pour la marque).