Vincent Munier

Meilleurs trucs pour la photo en hiver

Les frimas reviennent mais ce n’est pas une raison de se priver de la photographie. J’ai beau préférer le soleil et les temps chauds, les lumières de l’hiver ou la lumière rasante des hautes latitudes (Arctique, Antarctique ou même Scandinavie) permettent de si belles photos que je ne voudrais pas m’en priver.

Mais le froid est un peu l’ennemi de nos appareils photos (et des photographes). Alors voici quelques trucs et astuces glanés un peu partout auprès de photographes habitués à cette situation et qui ont bien voulu partager.

Matériel

La température de fonctionnement normal de la plupart de nos appareils est souvent située entre 0°C et 35°C. La plupart des appareils continueront à fonctionner en dessous de 0°C, mais les risques de blocage augmentent. Les appareils professionnels ont tendance à avoir un bien plus large plage d’emploi (leur prix… est large aussi) mais ils ont aussi besoin que l’on prenne soin d’eux.

Acclimatation

Évitez de passer directement de la voiture chauffée à la température extérieure (ou pire de rentrer au chaud un appareil qui vient de passer quinze minutes par -30°C) sans une transition progressive. Gardez le matériel pendant de longues minutes (plutôt une demi-heure) dans un sac qui allongera la transition le plus possible.
Certains produits sont étudiés pour cela (pour protéger un peu le matériel ou pour pouvoir le manipuler dans ses phases de transition) :

Vous cherchez à éviter de produire de la condensation (les courts-circuits sont très dommageables pour l’électronique la plus solide) ou du givre (qui bloque les mécanismes). Attention au flash qui est encore plus sensible du fait de ses très hautes tensions électriques internes.

Quand les températures sont très basses ou pour rester tranquille, il est possible de toujours laisser le matériel (sauf les batteries) au froid. Attention à le laisser à l’abri de l’humidité et, aussi, des regards si vous êtes en zone “civilisée”.

En cas de condensation, n’attendez pas : on sort la batterie, on détache l’objectif et on laisse aérer dans un air le plus sec possible. Eviter les manipulations et de remettre les piles tant que toute trace de condensation ou d’humidité n’a pas disparu. Sans électricité, il y a très peu de risques de problème permanent.

Polar bear - Svalbard

Pluie ou neige

De ce qui précède, vous aurez vite conclu qu’il n’est pas bon (mais pas bon du tout) d’exposer son matériel à la pluie ou à la neige quand il fait froid. N’importe quoi ou presque (même un sac poubelle retenu par du gaffer) permettra de protéger l’appareil et son objectif.

Batterie

Allez de ce pas acheter un stock de batteries de rechange. Au froid, elles se déchargent à toute vitesse. Vous allez donc avoir besoin d’en changer très régulièrement. Donc il vous faut un stock.

Mais la manière la plus sure de garder une batterie en bon état est de la conserver à l’intérieur de votre vêtement (au chaud). Vous la sortirez uniquement quand vous en avez besoin. Quitte à échanger les rôles régulièrement.

(et n’oubliez pas d’avoir assez de chargeurs -ou de temps de charge- pour recharger trois fois plus de batteries que d’habitude ; rechargez aussi souvent que possible).

Objectifs

Toujours pour éviter les accidents avec l’humidité, évitez de changer d’optique à l’extérieur. Surtout s’il neige…

Pratique photographique

Le photographe doit être au chaud

OK ! Peut-être pas au chaud, mais suffisamment confortable pour ne pas grelotter (ça fait les photos floues 😉 ). Vous n’arriverez à rien si vous avez froid. Donc, prenez conseils auprès de ceux qui connaissent la région, et suivez leur conseils. De manière générale :

  • Plusieurs couches de vêtements valent mieux qu’une.
  • Comme vous allez continuellement passer d’une température à une autre, il faut aussi prévoir de pouvoir vous adapter très rapidement (enlever ou ajouter des couches).
  • Ne poussez pas la protection trop loin : il vaut mieux éviter de transpirer parce que l’humidité va rapidement refroidir le vêtement le mieux isolé.

Mais pensez à deux facteurs que l’on oublie souvent :

  • Un photographe reste très immobile ; les recommandations pour un sportif sont différentes (moins d’effort physique).
  • En cas de vent, si vous ne pouvez pas vous abriter (par exemple en affût), les effets du froid sont rapidement amplifiés et il faut compter sur plus de protection.

Fox

Les gants

Essayez de manipuler de petits boutons soit avec les doigts engourdis par le froid, soit avec des moufles… Ma recommandation :

  • une première couche en mini-gants en soie (très fins, très confortables et relativement chauds)
  • Par dessus, vous mettrez des gants les plus épais possibles que vous trouverez confortables pour manipuler l’appareil : n’ayez pas honte emportez un appareil chez Décathlon pour essayer, ou alors, essayer de manipuler les boutons de votre téléphone. Vous vous rendrez vite compte.
  • Éventuellement, des gants très chauds mais avec le bout de l’index soigneusement coupé pour pouvoir sortir le doigt. Pas chic, mais efficace. Et c’est là que vous retrouvez l’intérêt du gant en soie à l’intérieur.

Les gants en soie sont souvent fragiles (mais pas cher), alors n’hésitez pas à prendre trois paires (pour le prix de deux ?)

Le sac

Plus que jamais, vous voulez un sac facile à ouvrir (avec des moufles, vous vous souvenez) et facile à transporter.

Prévoir

Moins qu’autrement, vous n’aurez pas droit de revenir en arrière pour recommencer. Alors, planifiez, prévoyez, organisez-vous. Pensez aux photos que vous voulez faire et choisissez votre matériel en fonction de cela. Choisissez la focale. Choisissez la sensibilité. Choisissez vos vêtements.

Expérimenter

L’hiver les sujets sont souvent plus lents. Profitez-en pour expérimenter. Changez de vitesse d’obturation et de diaphragme. Changez de sensibilité. Changez de cadrage.

Exposer

La lumière peut être piégeuse, alors n’hésitez pas à shooter en RAW pour avoir plus de marge de manœuvre au moment du tirage.

Sur la neige, il faut souvent surexposer pour garder une surface bien blanche malgré la cellule qui se laisse surprendre et veut la rendre grise. 1 diaphragme. Parfois 2. Surveillez l’histogramme si l’appareil vous le montre. Ou faites un peu de bracketing (3 ou 5 expositions avec des écarts d’un 1/2 diaphragme, par exemple).

Vues les difficultés à juger sur un petit écran, ne détruisez aucune image “au cul de l’appareil”. Attendez de revenir sur un écran d’ordinateur.

Corriger

De retour sur l’ordinateur, vous allez choisir la meilleure exposition (celle où il n’y a ni blancs cramés, ni noirs noyés dans l’encre). Puis vous pourrez la corriger légèrement.

Si vos images sont molles, vous pourrez toujours renforcer les noirs. Parfois, un peu de contraste en plus. Mais n’oubliez pas que l’atmosphère si spéciale de l’hiver est aussi faite des ces grandes étendues blanches avec seulement quelques repères qui contrastent.

Regarder

Cherchez votre sujet, mais n’oubliez pas que vous avez peut-être laissé apparaître des traces de votre passage : vos propres pas sur la neige sont-ils les bienvenus sur la photo ?

Effacer la neige qui tombe

Quelques flocons vont peut-être perturber une image. N’oubliez pas d’utiliser le tripode pour employer une vitesse lente : les flocons vont disparaître s’ils ne sont pas trop nombreux.

Et le plaisir !

N’oubliez pas votre petit confort : ayez un thermos de boisson chaude. Il n’y a pas mieux pour se remonter le moral quand les conditions ne sont pas idéales ou quand le froid commence à être trop présent.