Ce n’est pas absolument certain, mais Olympus est aujourd’hui au cœur d’une tempête particulièrement violente. Tellement qu’il est permis de se demander si la marque survivra.
De fait, nous sommes les observateurs d’une invraisemblable chronique financière sur fond de malversations, de comptabilité créative (du genre qui met les patrons en prison) et liens possibles avec le crime organisé. Rien que ça ! Attention, il y a une part de rumeur, mais pas uniquement.
Les faits remontent à 1998 quand le monde financier japonais a résonné de rumeurs de pertes colossales chez Olympus. Puis, tout ayant été dénoncé comme calomnieux, le calme est revenu… jusqu’à ce que Michael Woodford, ex-PDG de la branche anglaise de la société, ne se mette à table. Un instant sceptique, on a entendu annoncer que la société-mère tentait depuis plusieurs années de dissimuler ses déboires de la fin des années 90 à travers des manipulations financières à la légalité plus que douteuse.
Olympus aurait perdu des sommes considérables dans les années 80 et 90, alors que le management utilisait à fond des placements financiers hasardeux. Jusque là, rien de très inhabituel (même pour un industriel). Mais cela a dérapé quand la société se serait mise à cacher ses pertes (sans doute de l’ordre de 700 millions de dollars, selon les dernières déclarations officielles ; mais il manquerait 5 milliards de dollars dans les comptes) en investissant dans des sociétés jeunes et en croissance. En fait, il se serait agir de dissimuler les pertes antérieures en annonçant avoir -seulement- fait de mauvais investissements dans ces jeunes sociétés. Mais le problème vient alors d’une énorme dissimulation de comptes, peut-être couverte par des experts-comptables.
Le fait que la technique soit connue et porte même le nom japonais de « zaitech » ne semble pas pouvoir excuser les mensonges et les dissimulations sur plusieurs années. Olympus est menacé d’interdiction de cotation sur le marché boursier. Ses dirigeants sont exposés à la justice. Au Japon ou aux États-Unis comme au Royaume Uni. On parle même d’association avec des malfaiteurs encore moins fréquentables que les directeurs financiers qui auraient activement participé à la fraude (avec paiement à la clé, pour services rendus).
Le cours de l’action s’est proprement écroulé (voir ci-dessus). La situation est suffisamment grave pour que le risque de disparition pure et simple existe (après le retrait obligatoire de la cote).
La conséquence pourrait être dramatique pour la marque d’appareils photo. En effet, cela pourrait mener à une reprise des activités photographiques du fabricant d’endoscopes et de matériels médicaux. Mais la situation actuelle de la branche photo n’est guère favorable et il y a même un risque pour que personne ne se porte acquéreur si la situation s’éternise.
Cela fait plusieurs mois que je prédisais la possible disparition d’une marque du marché des appareils photo numériques reflex. J’ai souvent dit que je pensais d’abord à Sigma dont la stratégie semble alternativement incohérente et désespérée, mais Olympus pourrait ainsi battre de vitesse tout autre concurrent dans cette course absolument dramatique. Rendez-vous avant la fin de l’année 2011. Il ne resterait alors pratiquement plus que le souvenir d’appareils phot quasiment mythiques.
Néanmoins, il ne faut pas négliger la rôle des égos sur-dimensionnés de certains dirigeants ou ex-dirigeants : Michael Woodford guide une campagne pour se faire ré-installer dans Olympus comme sauveteur.
Sources :
Commentaires
2 réponses à “La fin d’Olympus”
Une bien triste nouvelle, même si j’ai déserté la marque depuis l’OM10 de mon père sur lequel j’ai appris le rapport entre la lumière, la vitesse et le diaphragme, je garde une tendresse particulière pour cette marque.
Espérons que le nombre de sociétés qui ne se relèveront pas des turbulences actuelles où de leurs erreurs passées ne seront pas trop nombreuses pour maintenir des mythes en vie et continuer à stimuler l’innovation sur le marché de la photo……
Les mythes tolèrent mal la coexistence avec la finance la plus créative.
Ah l’OM 10 ! Tu as dû en faire des choses avec celui-là…