Canon est assurément la marque que l’on rencontre le plus souvent entre les mains des photographes animaliers (aussi bien professionnels qu’amateurs). Cela vient bien sûr de la très forte présence de Canon sur le marché de la photographie numérique reflex, mais la diversité de l’offre de la marque rouge a permis d’assembler des solutions parfaitement adaptées aux besoins de pratiquement n’importe quel photographe intéressé par les animaux et la nature.
Amateur
La priorité de l’amateur va, bien sûr, à maîtriser complètement son budget, tout en restant conscient que les exigences de la photo animalière imposent de disposer d’une longue focale.
Ainsi, chez Canon, il n’y a aucun doute sur l’objectif à retenir ; c’est le fameux 100-400mm f/4-5,6 L IS USM. Après tout, pour un prix très raisonnable (relativement à la focale maximale de 400mm), il s’agit d’une bonne optique. Pas parfait (il n’a pas la qualité des télés à focale fixe de la marque et l’ouverture maxi n’est pas extraordinaire bien que compatible avec la mise au point auto), mais terriblement efficace (la variation de focale se fait en poussant sur la « pompe« ).
Il faut aussi dire que c’est aussi le zoom que ses utilisateurs adorent détester pour quelques points particulièrement énervants.
- La « pompe » si pratique porte bien son nom quand il s’agit de travailler en présence de poussière. Le capteur va être soigneusement arrosé de la poussière pompée même sans retirer l’objectif.
- La stabilisation est de la première génération Canon. Elle mériterait d’être remise à niveau. Mais Canon se fait tirer l’oreille pour lancer une version II.
- C’est d’autant plus ennuyeux que cette stabilisation a la mauvaise réputation de vouloir tomber en panne très (trop ?) souvent. Et Canon, considérant que c’est une pièce d’usure, l’exclut de la garantie et facture plus de 400€ sa réparation.
- Enfin, ce 100-400mm a aussi la réputation d’être sujet à d’importantes variations de qualité d’un exemplaire à l’autre. Au point que certains conseillent vivement de ne pas l’acheter par correspondance sans une garantie de retour sans frais.
L’un dans l’autre, on comprend tout de même parfaitement pourquoi cet objectif se rencontre si fréquemment dans les véhicules de safari ou dans les affûts ornitho.
Afin de lui fournir un boîtier à la hauteur je suggérerais le Canon EOS 60D (plutôt que le Canon EOS 550D) pour sa réactivité, son prix maîtrisé et sa résistance toujours nécessaire en plein air. De plus, le capteur à 18MP permettra des recadrages importants sans trop perte de qualité.
Comme vous voudrez aussi en profiter pour faire de la photo de paysage mettez aussi un 24-105mm f/4 IS USM dans le sac. Il permettra de compléter idéalement le télé-zoom en termes de focales et présente un bon rapport qualité-prix.
Passionné
Mais le photographe expert ne voudra pas se contenter de la qualité du 100-400mm (ses limites deviennent très apparentes sur le 7D). Il lui faudra se tourner vers des objectifs à focale fixe. Canon dispose d’une offre superbe mais il faut disposer d’un portefeuille bien profond pour les acheter et d’épaules bien robustes pour porter les plus grosses optiques de la série L. A défaut, il y a quelques possibilités à surveiller de près, des télé-objectifs qui se sont pas forcément de la dernière jeunesse mais qui ont gardé une qualité optique de haut vol.
Pour avoir une bonne couverture, je recommande de retenir le 300mm f/4 L IS USM et le 400mm f/5,6 L USM. Ces deux objectifs sont souvent ignorés (le 400mm parce qu’il ne disposent pas de la stabilisation optique) mais ils présentent une qualité optique optimale. Leur ouverture maxi est limitée mais sans grand inconvénient avec la haute sensibilité des boîtiers actuels. De plus, ils accepteront un multiplicateur de focale x1,4 (le doubleur de focale Canon sera à oublier parce qu’il dégrade trop la qualité des images).
A propos de boîtier, Canon dispose exactement du ce qui convient pour animer ces télé-objectifs : le Canon EOS 7D. Il a apporté un net progrès en matière d’autofocus et de rafales à une gamme qui manquait singulièrement de punch en comparaison avec les Nikon de ces dernières années. Sa capacité à produire de bonnes images à 1600 ISO sera également appréciée pour compenser l’ouverture réduite des longues focales retenues.
Il ne reste plus qu’à compléter la gamme avec des focales plus courtes. L’excellent 70-200mm f/2.8 IS II USM reste incontournable dans sa gamme et on lui adjoindra sans doute le très beau EF-S 17-55mm f/2.8 IS USM qui, bien que n’appartenant pas à la gamme L a la définition nécessaire pour alimenter correctement l’exigeant capteur du Canon EOS 7D.
A noter : l’avantage des télé-objectifs un peu anciens est que vous pourrez les trouver relativement facilement en occasion (par exemple sur eBay). Cela réduira d’autant la facture qui commençait à monter sérieusement.
Pro
Quand on parle de facture, nous y voici. Le photographe pro a des exigences largement au delà des possibilités du chéquier de la plupart des amateurs même les plus enthousiastes. Si vous ne voulez pas vous faire peur, ne regardez même pas les prix : bien des gens s’achètent une voiture pour le total que nous allons atteindre pour équiper un photographe animalier professionnel, mais il n’est pas question de lésiner sur la qualité.
Les télé-objectifs de la gamme L de Canon sont la priorité. En particulier, le 300mm f/2,8 L IS USM devient le pivot de cet équipement. Il est tout simplement considéré par beaucoup des essayeurs comme le meilleur objectif jamais réalisé quelle que soit la catégorie. Le prix fait peur, mais le poids est aussi un obstacle : 2.55 kg / 5.6 lb. Son successeur arrive pour début 2011, avec un poids légèrement en baisse mais le prix va encore monter vers les 7000€.
Il faudra sans doute l’associer à un superbe 500mm f/4 L IS USM, mais encore plus lourd et plus cher. Mais vous serez alors équipé à l’égal de Michel et Christine Denis-Huot lors de leurs équipées au Kenya.
Le boîtier recommandé sera alors un Canon EOS 7D (eh oui ! il a séduit beaucoup de pros dont ceux mentionnés plus haut). Mais si êtes attiré par un grand capteur, un Canon EOS 5D MkII offrira aussi une vidéo très pro.
Comme précédemment, les télé-objectifs seront complétés par les 70-200mm f/2,8 L IS USM et EF-S 17-55mm f/2.8 IS USM.
Si vous êtes passés en Full Frame, il faudra peut-être revoir un peu la gamme. Pour commencer, le zoom grand-angle 17-55mm ne couvre pas le champ du grand capteur, on le remplacera par un EF 24-70mm f/2.8L USM. Puis, si on ne veut pas compromettre la qualité en utilisant un multiplicateur de focale x1,4, les 300mm et 500mm seront sans doute également remplacés par un 400mm f/2,8 L IS USM et un 600mm f/4 L IS USM. Mais le poids va devenir considérable (prohibitif ?) et le trépied devient maintenant indispensable.
Conclusion
On en conviendra aisément, le choix offert par la gamme optique Canon est impressionnant et cela explique que l’on puisse en trouver pour tous les goûts, toutes les bourses, toutes les qualités.